mercredi 12 août 2015

maman part en vacances en solo

Cette année, pour la première fois depuis la naissance de mon premier enfant, je suis partie en vacances toute seule.
Oui, toute seule.
Sans mari, ni enfants.

La culpabilité une fois digérée, j'ai pu profiter de mes amis sans me demander si les pleurs que j'entendais étaient à mon intention, sans regarder ma montre pour ne pas oublier l'heure des repas, sans gérer les disputes et les bêtises. Et ça fait du bien.
Mais dans l'avion sur le retour la boule se forme à nouveau. Dix jours. Je les ai abandonnées pendant dix jours. Je suis un monstre d'égoïsme. Heureusement, j'ai des cadeaux dans la valise !
Retrouvailles avec le sourire, gros calins et bisous par centaines, me voilà rassurée, mes filles m'aiment encore !
Et puis sur le chemin jusqu'à la maison on se raconte nos vacances, ça jacasse dans la voiture, ça rigole, jusqu'au moment ou Gribouille me lance sur un ton neutre : "maman quand t'étais pas là, je t'ai oubliée. Je croyais que j'avais qu'un papa."
Gribouille 1, Maman... KO par mort subite.
Je ramasse mes dents tant bien que mal et je ne lâche pas mon sourire maternel malgré le nœud qui vient de se serrer entre ma glotte et mes cordes vocales.
Mais finalement, j'y repense durant les jours suivants et la blessure se referme. En fait, tout ça, c'est grâce à moi.
Si ma fille n'a pas pleuré tous les soirs en me réclamant, si elle ne s'est pas sentie abandonnée, si elle a réussi à jouer, à rire, à profiter c'est parce qu'elle se sentait en sécurité.
Elle a suffisamment confiance en elle pour tenir debout sans moi et suffisamment confiance en moi pour ne pas douter de mon retour.
Bon, elle était aussi bien entourée, mais le perfectionnisme paternel n'est pas le sujet de cet article...
Ces dix jours ont donc été bénéfiques à tout le monde. Aux bons souvenirs de chacun se rajoute les quelques jours de glue émotionnelle où il est impossible de croiser l'un se ses enfants sans recevoir un bisou, un câlin ni entendre un "je t'aime". Chose que l'on ne vit vraiment que si l'on se sépare un moment.

Alors les filles, on se déculpabilise ! Non on ne prive pas nos enfants de notre amour inconditionnel lorsqu'on prend du temps pour soit. C'est justement grâce à cet amour qui persiste malgré l'absence que nos enfants pourront un jour quitter le nid et à plus courte échéance que nous pourrons, nous, boire des mojitos sur la plage avec des amis l'esprit tranquille.



jeudi 30 juillet 2015

Point final.

Je viens de mettre un point final au second Tome de la saga Palum.
Oui, ça y est. C'est fait.
Contrairement à l'année dernière où la joie de finir un premier jet m'avait donné envie de danser, cette fois-ci, point de saut de biche.
Non pas que je sois tellement habituée que je m'en sois lassé. Je ne sais pas s'il existe des auteurs blasés capables de dire sans lâcher des yeux le programme télé "au fait, le manuscrit est prêt. Je l'ai mis à l'entrée. Il cale la porte en attendant que l'éditeur passe le chercher". Mais cette fois-ci, plutôt que de l'excitation, j'ai ressenti du soulagement.
Pas à l'idée d'en avoir enfin fini. Pas à l'idée de pouvoir enfin profiter de mes vacances.
Mais à l'idée d'avoir réussi à mener de nouveau un projet à terme.
C'est un bel exploit de sortir un livre et d'en vendre, même un seul, à une personne qui ne soit ni de votre famille, ni de votre entourage. Mais c'en est un autre, autrement plus difficile à mon sens, de réitérer l'expérience.
Et dans mon cas particulièrement !
L'envie m'a prise tard. Je suis une Madame tout le monde qui a décidé à trente ans de tenter un pari fou. Mais il ne suffit pas d'avoir le courage de se faufiler en douce pour entrer sur le terrain, il faut justifier de sa présence en tapant du ballon. Un tir réussi, c'est un bon souvenir. Un moment de gloire qui vous nourrit un instant et dont vous parlerez à vos petits enfants. Multiplier les tirs, c'est le seul moyen de gagner le maillot pour rester sur le terrain.
Pour l'instant, je n'ai marqué qu'un but. Mais j'ai deux ballons qui, comme des munitions, attendent devant la cage pour réitérer l'exploit.
J'ai beaucoup douté ces derniers mois et la page est souvent restée blanche.
Pourtant l'envie était là, mais pas toujours la confiance en moi. Alors je suis soulagée de pouvoir dire que je l'ai fait, encore une fois. J'ai fini d'écrire un manuscrit. J'ai entre les mains une histoire à retravailler et à corriger, mais une histoire à n'en pas douter. Et je vais en faire un livre parce que je ne veux pas sortir du terrain.



jeudi 9 juillet 2015

De l'altitude, des potes et du dépassement de soi.

Chichilianne dans le Vercors, samedi 4 juillet 15h. température approximative 100° Fahrenheit.

Je me retrouve là, un peu par hasard. Embarquée à la dernière minute par des amis pour me changer les idées, je retrouve des gens que j'apprécie, mais que je n'ai pas vus depuis (trop) longtemps, le paysage est magnifique, l'ambiance est festive, j'ai un équipement tout neuf et des pansements pour les ampoules... je suis prête.
On est trente six à tenter l’expérience, dont certains enfants, je me dis donc que c'est à la portée de tout le monde et que ça va le faire grave. Quand le chef de rang donne le top départ, j'ai le sourire et je l'ai gardé sur au moins... cent mètres.

Ok je me suis peut-être un peu emballée sur mes capacités physiques et, si l'amitié donne des ailes, celles-ci étaient sans doute déjà occupées avec d'autres amis dont le programme leur convenait mieux.
La chaleur est étouffante, ça cogne si vite contre mes tempes qu'il me semble que mon sang est en train de bouillir. Le groupe se sépare, chacun trouve son rythme de croisière et, moi, à la traîne, je rêve de croisière justement ou juste d'eau ; des pieds à la tête... avec des glaçons.
Lorsque je retrouve une partie du groupe qui profite d'un coin d'ombre pour faire une pause, la seule chose qui m'empêche de m'allonger, c'est la peur de rouler jusqu'au point de départ.
Je vois sur les visages rougis que je ne suis pas la seule à me demander quel genre d'homme peut vouloir subir ça et le faire subir à ses amis pour fêter ses quarante ans ! Je reprends mon souffle tant bien que mal, descends ma première bouteille et tente de garder un semblant de contenance... après tout, on a parcouru que le quart.


Très vite je me rends compte que ça ne va pas le faire. Pas de cette manière en tout cas. 
Je fais dix mètres, je m’arrête, je respire, je repars.
Dix mètres de plus, nouvelle pause, cette fois je lève les yeux... pu*** que c'est beau. 
Je suis toute seule, dans un paysage qui ne ressemble à rien de ce que je connais et, l'air de rien, j'avance. Finalement, la durée du trajet n'a plus d'importance. J'arriverai lorsque j'arriverai et il sera toujours temps de faire la fête. Je profite de ce moment où, bien qu'à bout, mon corps continue de m'obéir et d'avancer.
Je pense à tous ceux que je retrouverai là haut, à la soirée qui nous attend, à cette nuit hors normes et finalement je me rends compte que l'endroit où je croyais avoir rendu l'âme est bien loin derrière moi.
Bientôt je retrouve des silhouettes amicales qui me demandent si je vais bien... J'ai mal aux jambes, j'ai chaud et soif, mais oui je vais bien. 
Bor*** je vais même carrément bien !


"Viens voir, Solange. On se croirait sur Palum !"
Son enthousiasme regonfle le mien, je parcours les derniers mètres plus raides que les autres, j'évite de me casser la figure à plusieurs reprises et me voilà.



L'endroit est magnifique. L'air y est plus frais. Et un peu plus loin devant un refuge, un petit groupe brise déjà le silence de la montagne de rires et de vannes. Le temps de se féliciter les uns les autres, de se rafraîchir à la source et déjà les premières bouteilles sont de sortie. 

Et finalement, je me dis que c'était une idée géniale pour un quarantième anniversaire !

jeudi 25 juin 2015

Ma première rencontre !

Et bien voilà, c'est fait !
Hier soir, pour la première fois j'ai fait la rencontre de certains de mes lecteurs, mais aussi d'amoureux des livres et de l'écriture. Des gens curieux de savoir quelle recette j'utilise pour faire un livre.
Je dois bien avouer que j'étais très stressée. Plus je voyais la bibliothécaire apporter des chaises et plus je me sentais rapetisser !
Et puis tout le monde s'est installé, les sourires et les regards bienveillants ont fait leur travail. 
J'ai inspiré... et me suis lancé !
C'était hyper enrichissant et tellement motivant !
J'ai rencontré des lecteurs dont le retour m'a donné des super pouvoirs, des gens dont la curiosité m'a donné l'impression d'être pilote de formule 1 ou parachutiste et des jeunes dont l'imagination m'a confirmé que la relève est assurée.
Les deux heures sont passées à toute vitesse. Une petite séance de dédicace pour finir en beauté, une invitation pour une prochaine rencontre, des promesses de lectures, de soutien, de dessins et de petits mots ; et je suis rentrée à dos de nuage le sourire aux lèvres, impatiente de recommencer l’expérience !
Merci mille fois à la bibliothèque de Crémieu et à Sarah pour cet accueil.

Vous n'avez pas idée du bien que ça fait d'être considérée comme un auteur.



jeudi 21 mai 2015

Rencontre à la bibliothèque de Crémieu


Le 24 juin, à 18 h, je serai à la bibliothèque de Crémieu pour parler de mon premier livre Palum avec des adolescents (mais pas que !).

Je suis d'abord super contente de pouvoir rencontrer des lecteurs et discuter avec eux d'histoires, de fantasy et d'écriture.Mais je suis aussi super angoissée !

Et si la bibliothécaire annulait faute d'intéressés ? "Désolée, madame, mais personne n'a lu votre livre..." 
J'ai le trouillomètre dans le rouge écarlate...Et si j'étais trop timide, trop ennuyante, trop bavarde et que, du coup, je leur passais l'envie de lire la suite ?
Et s'ils n'avaient aucune question ?
Trouverai-je de quoi animer la conversation ?
Et s'il y en avait un (ou plein) qui étai(en)t venu(s) juste pour me dire qu'il(s) n'avai(en)t pas aimé ?Vous l'aurez compris, je m'angoisse un tantinet (un grossinet ? un paquinet ? un maxinet??) à l'idée de cette première rencontre...

Mais en même temps, j'ai super envie !Et si ça se passait bien ? Si cet échange était encourageant ? s'il m'apportait de nouvelles réflexions pour la suite ? J’adorerai devoir revoir mon plan suite à un échange riche avec des lecteurs ! et si je pouvais me voir dans le regard d'un seul lecteur comme un auteur ?

Finalement, ça fait une flopée de questions et toutes ont pour l'instant la même réponse:On verra bien le 24 juin à 18 h à la bibliothèque de Crémieu !

Alors si vous êtes dans le coin et un peu curieux, si vous avez lu Palum ou si vous avez envie d'en savoir plus, venez remplir la salle. Je serai toute stressée, mais souriante et promis, j'essaierai de ne pas être trop bavarde !

mercredi 6 mai 2015

Comme des enfants.

      "C'est le début, tu verras dans quelques années !" voila la remarque qu'on m'a faite récemment concernant mon couple. Papillonner, se dire des mots doux, passer du temps ensemble c'est bon quand on drague, ou les premières années, à la rigueur, histoire de repousser l'échéance.
Mais après quinze ans, avoir besoin d'un je t'aime pour trouver le sommeil, c'est un rien puéril.
C'est en tout cas ce qu'on me répète régulièrement. Avec le temps, on passe à autre chose, on s'aime différemment, on a moins besoin de l'autre.
Pas étonnant que certains se perdent en aventures extra-conjugales.
La passion, la tendresse, l'amour, pourquoi faudrait-il les laisser à d'autres ?
Pourquoi faut-il un jour devenir sérieux et passer à autre chose ?
Je suis fleur bleue. Je l'ignorais jusqu'à peu, parce que tout ça était si naturel et partagé que je n'y avais même jamais songé. Était-ce la bonne façon d'aimer ? Cette question a-t-elle seulement un sens ?
        On a aimé se faire rire, se chahuter, parler pendant des heures pour empêcher l'autre de dormir, s'appeler plusieurs fois par jour pour râler, parler, rigoler, se surprendre et se blottir l'un contre l'autre devant la télé ou dans le lit pour chasser les cauchemars ; comme des enfants.
On s'est protégés, encouragés, épaulés. On a fait la bouffe alors que c'était pas notre tour, parce que l'autre avait passé une sale journée. On a fait croire qu'on avait passé une sale journée pour ne pas faire à bouffer et parfois on s'est fait griller.
On s'est fait des cadeaux, des gros, ceux pour lesquels on économise ou qu'on paie en plusieurs fois ; et des petits, dont nous seuls connaissions la valeur.
On a ri devant des films dont jamais on ne se vantera des titres en public.
On a fait croire qu'on avait un enfant malade pour décliner des invitations à la dernière minute juste pour s'affaler dans le canapé, une glace à la main devant les deux derniers épisodes de la saison finale d'une série adorée.
Pourquoi devrions-nous arrêter ?
      Mon cœur est adolescent, avec un syndrome de Peter Pan. Ne lui demandez pas de grandir, il ne sait pas vieillir.
L'amour n'est pas réservé aux enfants, ni aux jeunes couples. Il n'a pas de date de péremption et personne ne s'en lasse. On se laisse seulement berner par l'acquis, on se concentre sur autre chose et, un jour, le naturel n'est plus et on ne sait plus comment le ramener.
Mais si je dois avoir une étiquette, je prends celle de fleur bleue. 
       Je veux des bagarres sous la couette, des mots doux en langage SMS, des bras qui me tiennent quand je pleure, mais quand je ris aussi. Je veux des je t'aime au petit déjeuner, des clins d’œil complices, des mains baladeuses et des fous rires.

Je veux que le conte dure après la fin du livre, pour les quinze ans à venir comme pour les quinze ans passés.  

lundi 30 mars 2015

ma première (courte) nouvelle.

        Ses chaussons, dont elle écrasait l'arrière par flemme de les enfiler en entier, frottaient mollement sur le parquet de la chambre. Ce bruit avait pour habitude d'énerver tout le monde dans la maison, Lucy y compris, mais c'était son rituel. 
Avant d'avoir fini son café, elle ne prenait pas le risque de se suspendre en équilibre sur un pied pour passer l'élastique de ses isotoners sur son talon. Le jeu n'en valait pas la chandelle. 
Elle se traina jusqu'à la cuisine, puis jusqu'à la cafetière dont elle jeta la dosette séchée de la veille pour la remplacer par une neuve. Dans le salon, une dispute sur fond de chuchotements menaçants lui indiqua que ses enfants étaient réveillés. La négociation pour la télécommande : un autre rituel de la famille. 
Lucy hésita à peine le temps d'un battement de cils et repoussa l'idée de franchir la porte du salon pour s'en mêler. Dans la cuisine, les vapeurs chaudes du café étaient sa priorité. Déjà, l'odeur commençait à délier ses muscles et extraire son cerveau de sa mélasse matinale. 
Lorsque la cafetière eut fini son affaire, Lucy prit la tasse par l’anse en grimaçant lorsque son doigt toucha par maladresse la céramique brûlante. Elle la porta à sa bouche, mais se ravisa avant d'en prendre une gorgée. Si la douleur sur son doigt était partie aussi vite qu'elle était venue, Lucy doutait qu'il en soit de même en se cramant la langue. 
Elle bâilla à s'en faire pleurer, regarda à regret la chaise qui l'attendait et s'en détourna pour s'engager à nouveau dans le couloir. Aujourd'hui n'était pas un dimanche comme les autres, et, malgré sa courte nuit, elle ne pouvait pas se laisser aller à traînasser. 
La tasse claqua en heurtant la surface du meuble de la salle de bain. Quelques secondes après, les ressorts du matelas dans la pièce voisine grincèrent en réponse. Lucy souffla d'agacement. 
Avec le réveil précoce de son mari, elle n'aurait sans doute plus que vingt minutes devant elle avant qu'il ne débarque avec son énergie à revendre et son impatience inutile. Elle tourna le robinet de la douche et fit glisser ses chaussons loin de ses pieds. Un simple roulement d'épaules suffit à libérer les bretelles de sa nuisette bleu-marine qui glissa jusqu'à ses hanches. 
Lucy libéra ses bras et secoua son bassin. La nuisette se souleva comme la jupe d'une écolière, mais resta en place. Lucy renouvela l'opération sans plus de succès. Elle se mordit alors l'intérieur de la lèvre en se tournant vers son miroir. Ses sourcils assombrirent son visage lorsque son regard se posa sur son reflet. D'un geste sans douceur elle pinça un bourrelet sur sa hanche. Sa main migra ensuite sur la peau de son ventre dont les vergetures lui extirpèrent un nouveau soupir. 
Finalement, elle attrapa sa nuisette et lui fit franchir sans ménagement le relief saillant, souvenir de son passage de femme à maman. 
Elle entra dans la douche, d'abord un pied pour vérifier la température, puis entièrement. Elle n'avait jamais trouvé qu'une bonne douche, ça réveille. Pour elle, une bonne douche c'était de l'eau bien chaude et au moins trente minutes dessous à profiter de son ruissellement avant d'ouvrir la moindre bouteille de gel douche. 
Mais elle était incapable de se souvenir avec exactitude de la dernière fois où elle avait pu en prendre une. Au lieu de cela, elle coupa l'eau à regret, attrapa la bouteille de shampoing, la secoua pour faire descendre le reste de produit, et se frictionna la tête. Elle renouvela l'opération avec le gel douche. L'air frais commençait à maltraiter sa peau mouillée. Un frisson la secoua juste au moment où elle rallumait l'eau. 
Une bonne douche, ça ne réveille pas, se dit-elle. Mais se geler les fesses sous la douche, ça, c'est efficace ! 
Lorsque l'eau eut fini de retirer toute la mousse, elle attrapa une serviette et l'enroula autour d'elle. Elle la fixa avec une pince crabe, secoua sa tête d'avant en arrière avant d'enfermer ses cheveux dans un turban trop serré et bu, enfin, sa première gorgée de café. 
Lucy se promit de s'offrir, dès que tout cela serait fini, le luxe de tout envoyer promener juste une heure, le temps d'un bain. 
D'ici là, elle serait patiente. Tout allait bien se passer. Elle s'était endurcie ces derniers mois, peut-être un peu tard, mais elle refusait de gaspiller son énergie en regrets inutiles. Aujourd'hui, plus que jamais, elle allait avoir besoin de tout son courage. 
De retour dans sa chambre elle ouvrit sa commode en quête de vêtements. Qu'allait-elle pouvoir se mettre ? Pas son jogging du dimanche, surtout pas son jogging du dimanche. Elle trancha pour un jeans skinny gris, celui qui mettait en valeur ses fesses d'après son mari. Elle se demanda si en dépit des circonstances, il aurait encore envie de glisser ses mains dans les poches arrière pour l'attirer jusqu'à lui. 
Elle l'enfila, rentra son ventre pour le boutonner et resserra les bretelles d'un soutien-gorge à balconnet noir qui n'épousait plus vraiment les formes de sa poitrine depuis qu'elle avait perdu du poids. L'ironie de la vie avait fait fondre la seule partie de son corps dont elle aimait les rondeurs. 
Elle acheva sa tenue avec un top en coton dont les manches chauve-souris et le col échancré lui donnaient un air décontracté, mais féminin l'air de rien.De retour dans la salle de bain, elle entama sa routine beauté. Déo, dentifrice, crème de jour, fond de teint, anticernes et poudre matifiante. Ses gestes étaient mécaniques. Un rituel de plus qu'elle avait respecté chaque matin depuis qu'elle avait commencé à se maquiller. Les signes de fatigue une fois disparus, elle attrapa son vanity qu'elle vida à moitié dans l'évier. 
Elle écarta de suite les rouges à lèvres, le mascara et l'eye-liner. Il ne s'agissait pas d'avoir l'air de se préparer pour partir en soirée. Ce qu'il lui fallait, c'était un maquillage rassurant, suffisant pour cacher ses angoisses, mais pas au point de lui donner une mine heureuse. 
Elle jeta son dévolu sur un duo d'ombres à paupières mattes, couleur peau. Avec le plus clair, elle habilla sa paupière mobile puis l'étira à l'aide d'un pinceau jusqu'à mi-hauteur de ses sourcils. Avec le plus foncé, elle intensifia le coin extérieur et le creux de sa paupière. Aux yeux de ses enfants, elle n'aurait sans doute même pas l'air maquillé. Difficile, pour des garçons de huit et douze ans, de prêter attention à ce genre de détails, mais Lucy savait que la nouvelle serait moins dure à avaler si elle donnait l'impression de bien la gérer. 
Elle inspira avec lenteur pour reprendre le contrôle de ses émotions et faire disparaitre le rouge qui tentait de s'installer dans ses yeux. Tout allait bien se passer. La vie, malgré son ironie, reprendrait le dessus et dans quelques semaines, quelques mois peut-être, la priorité des deux garçons serait à nouveau de garder pour eux la télécommande. 
Lucy tenta un demi-sourire. Pas un large qui rayonne de bonheur ou d'amusement, ni un rapide qui sent le faux-semblant, un sourire de maman.Elle libéra ses cheveux, jeta sa serviette sur le rebord de la baignoire, attrapa sa tasse et sortit. 
Elle s'arrêta un instant à l'embrasure de la cuisine. Son mari était dos à elle, assis à table devant un café. Il tourna la page de ce qui sembla être un journal et avala une gorgée avant de se replonger dans sa lecture.Lucy haussa un sourcil. Son mari aurait-il changé au point de s'intéresser à l'actualité de si bonne heure ? Elle se pencha sur le côté et aperçu un prospectus d'articles de sport. Son erreur la fit sourire. Il était toujours le même, en dépit de la situation. 
Lorsqu'elle entra, il se détourna des baskets de running et posa les yeux sur elle. La surprise se lut sur son visage. Son regard la balaya de la tête aux pieds et s'attarda un instant sur son jeans. Une fois encore, Lucy sourit. À ses regrets se mêlaient malgré elle les souvenirs d'une belle histoire. 
— Il faut leur dire, lança-t-elle. 
— Maintenant ? regretta-t-il en regardant sa tasse à moitié pleine. 
— On pourra toujours attendre, il n'y aura jamais de bon moment. Alors oui, maintenant. 
Il soupira d'agacement, termina d'une traite son café et se leva. Il posa sa tasse ainsi que celle de sa femme dans l'évier et s'immobilisa en la fixant.L'estomac de Lucy se serra. Elle fit demi-tour pour couper court à cet échange trop intime pour elle et se dirigea vers le salon.Les deux garçons étaient vautrés sur le canapé. Sur la table basse, un paquet de céréales attendait d'être débarrassé. À la télé, un humanoïde se battait contre une araignée géante.Lucy prit la télécommande et l'écran s'éteignit. Les garçons râlèrent en coeur, mais leur père ne leur laissa pas le temps de négocier. 
— Asseyez-vous correctement, les reprit-il. On a quelque chose à vous dire. 
Ignorant les plaintes et les soupires de ses fils, il repoussa une jambe pour se faire une place et s'assit. Lucy l'imita et se posa à ses côtés. Elle aurait voulu prendre sa main pour se donner du courage, mais elle suspendit son geste en se souvenant de la triste réalité.Elle reporta son attention sur ses enfants qui seraient désormais sa seule source de réconfort. 
— Tout d'abord, annonça-t-elle. Vous devez savoir que nous vous aimons et que rien de ceci n'est de votre faute... 

vendredi 20 mars 2015

les patates aiment les bananes

C'est l'une de mes plus belles histoires d'amitié. Pourtant ça avait mal commencé. Avec nos caractères bien trempés et nos idées arrêtées, on a gentiment commencé par se détester.

Et puis avec le temps, il y a eu quelques fous rires, des conversations futiles, des trajets en commun et finalement un lien.C'est ma meilleure amie, le genre que je peux réveiller en pleine nuit pour lui dire que mon bébé arrive et qui tombe du lit, saute dans un jogging et déboule en courant. Le genre qui se rhabille à 23h la veille de son examen pour m'amener une clope parce que j'ai pas le moral. Le genre avec qui on rit tellement qu'on pleure jusqu'à attraper des courbatures. Avec qui on est capable de prendre des résolutions à la con, comme aller courir parce que, bon, c'est avec elle qu'on le fait ! Bref, du genre qui nous fait dire que la vie est bien plus facile avec une alliée.
Et puis la semaine dernière, elle est partie. 456 km selon Mappy. 
Une accolade rapide sur un trottoir, une dernière blague et on est partie chacune de notre côté, le plus vite et le plus dignement possible. Aussi simple que ça.
Depuis je me force à ne pas y penser. Entre les messages, les vidéos, les photos, on est presque ensemble au quotidien. Même si c'est pas pour rien qu'on s'appelle pas. La vie n'est facile ni pour elle, ni pour moi actuellement, et, s'il est aisé de se remonter le moral par message, il est plus compliqué d'entendre la peine de vive voix sans pouvoir joindre le geste à la parole. Alors les appels viendront avec le temps, lorsqu'on aura pris de nouveau nos marques.
Mais aujourd'hui, c'est un jour particulier. Son anniversaire. Je ne donnerai pas son âge, disons juste que le meilleur est derrière elle...
Je voulais qu'elle sache que je pense à elle. Je voulais que ça la touche, mais aussi que ça la fasse rire. Je voulais que ça ressemble à aucun autre cadeau, un petit quelque chose qui ne pouvait être compris que de nous deux.
Quand j'ai appelé la fleuriste pour lui expliquer mon souhait, elle a ri sans retenue. « Mais, madame, ais-je tenté d'expliquer. C'est parce que c'est le surnom que je lui donne ». Nul doute que j'ai du faire parler de moi ! Enfin, si le ridicule tuait, je n'aurais pas vécu très longtemps.
Alors, bon anniversaire, ma patate ! je resterai ta banane aussi longtemps que tu me supporteras !



mardi 3 février 2015

Tag: les 7 dates importantes dans votre passion.

J'aurais dû m'en douter, quand tu lances un tag, faut t'attendre à ce qu'il te revienne en plein blog ! Francis s'est donc vengé ! Vous pouvez aller voir sa version de ce tag sur son site des mots et des mondes. Pour ma part, je vais tenter de lui faire honneur, en répondant à mon tour.
(Chose pas évidente pour moi qui n'ai aucune mémoire des dates, mais on va faire dans l'approximatif.)

1999-2000

Année de seconde. Comme tout ado, j'ai mal à l'âme. J'ai plein d'amis, je suis du genre à aimer tout le monde et tout le monde me le rend bien. Pourtant je me sens seule, j'ai l'impression que ces questions qui grillent mes neurones un par un me feraient passer pour une allumée, alors je me tais. Du coup, je suis hyper entourée, mais je me sens seule.
Pour pas le montrer, je le cache à grands coups de fous rires sonores, de confiance excessive, de réponses à tout et de joie de vivre aussi artificielle qu'un yaourt aromatisé.
La plupart des profs sont épuisés rien qu'en me voyant franchir le seuil de leur classe. Heureusement, mes résultats me mettent juste à la limite de leur courroux.
Et puis je rencontre cette prof de littérature dont la bienveillance n'a d'égale que sa passion pour son travail. Quelle horreur !
Je la prends donc à contre-pied, quoi qu'elle dise. Je remets tout en question. Je ne lui accorde aucun crédit. 
Elle adore ça, me trouve passionnante et dit croire en moi.
La rebelle que je suis s'arrache les cheveux, elle en rit sans pudeur. 
Et puis un jour, elle me dit qu'elle voit clair en moi. Et elle ajoute qu'elle a un remède à mon mal-être.
Je vacille, tente de nier, de me marrer, mais ça marche plus. Elle a piqué ma curiosité.
Alors je retourne la voir, bien décider à écouter ce qu'elle a à me proposer pour mieux le décliner. J'ai déjà imaginé la scène des dizaines de fois. Elle devrait pas s'en remettre.
Et elle me tend un crayon.
Un crayon...

2000-2001

Ça m'a pris du temps pour comprendre, mais, à présent, ma chambre regorge de papiers griffonnés, de cahiers de poésie, de journaux intimes. J'écris nuit et jour. Mon mal-être est toujours là, mais je le tiens à distance. Ce que j'écris n'est pas lisible et je ne le partage pas. Mon but n'est pas d'écrire pour les autres à ce moment-là. Mon seul but, c'est ma survie.
Ma prof est toujours la même. Depuis que j'ai cessé de me débattre j'apprends énormément. Je décortique les livres avec une minutie chirurgicale. Je remets toujours tout en question, mais nos débats sont passionnants.

2003.

Mon passage éclair à la fac s’est terminé sur un échec. Je broie du noir, faut dire que je fais ça bien.
Mon journal intime s'est transformé en autobio. Je ne pense qu'à ça. Alors ma moitié (qui allait devenir plus tard mon mari) me demande de choisir : vivre dans le passé ou choisir l'avenir.
Je le choisi, lui. Je range mon crayon, donne naissance à mon premier enfant et vis mes premières années de bonheur.

Décembre 2011.

Bond dans le temps. J'ai pas écrit depuis des années, j'ai pas lu grand-chose. Des témoignages en grande partie. Je fais ma vie sans repenser à l'écriture. À l'époque j'ai un Iphone, et pour Noël une appli nous offre un cadeau par jour. Un clip, une musique, un livre.
Pug, l'apprenti de Raymond E. Feist.
Le premier livre de fantasy depuis des années. Depuis les contes pour enfants sans doute.
Je lis dans le bus sur mon écran trop petit, mais j'adore alors je lutte et finalement, j'achète la série.
Je retombe dans la lecture avec plaisir, la fantasy vient de me happer.

Juin 2011.

Dans la crèche où je travaille, avec un groupe de quatre enfants, on écrit un livre. Ouais, ouais, un livre. J’écoute leurs idées, je les note sans y mettre mon grain de sel et puis on rassemble les bouts. Le tout parle d'un éléphant qui se promène en bateau et qui tombe dans l'eau alors qu'il tentait de boire. Off course, on a pensé à l'élément perturbateur ! Il y a donc un crocodile méchant et affamé. Mais comme toute bonne histoire (pour enfant), rassurez-vous, ça finissait bien pour l'éléphant (enfin, là, j'ai quand même dû négocier avec une petite qui tenait à tout prix à ce qu'il meurt le pauvre !).
Et voilà, mon premier livre voit le jour, avec des dialogues de fous et des dessins décalqués, le monde littéraire n'a qu'à bien se tenir, j'arrive !

7 novembre 2013.

Je ne reviendrais pas sur la naissance du manuscrit de Palum, car vous savez tous à présent que j'ai commencé de l'écrire pour l'offrir à ma petite sœur (non ? Ben c'est fait).
Je fais avance rapide jusqu'à ce jour où, alors que j'étais super fière d'avoir finis mon livre et que je cherchais une maison d'édition à qui l'envoyer, je tombe par hasard... dans une mare.
Le forum Cocyclics offre la possibilité de rencontrer d'autres gens comme nous, assez fous pour vouloir devenir écrivains de l'imaginaire, de recevoir de l'aide sur ses écrits et d'en offrir en retour. Je décide finalement d'attendre avant d'envoyer mon manuscrit, je tente l'aventure, je rencontre des gens super, j'apprends des centaines de choses et finalement je reprends mon manuscrit. C'est sans aucun doute l'une des dates les plus importantes de ma vie.

Demain.

Demain sera la prochaine date la plus importante dans ma passion. Ou le demain de demain. En tout cas, le meilleur reste à venir.

Vous êtes toujours là?? Oui ,je sais, c'était long ! j'espère que vous avez fait une petite pause histoire de soulager votre vessie !
Allez les prochains que j'invite à nous parlez des 7 dates importantes dans leur passion seront...
-cloporte avec pourquoi pas 7 dates importantes en 7 photos.
-Mr le Psy parce qu'il me fait bien rire.
-My chuchotis pour la douceur de sa plume.



mercredi 28 janvier 2015

réseaux sociaux et sentiments

On a tous une personne qu'on a aimée puis perdue. Une personne à qui on pense parfois et à qui on aurait des choses à dire. C'est normal. C’est sain.
Parfois, je pense à mon grand-père avec tendresse et je voudrais lui parler de mes enfants, de mes projets, des arcs qu'il nous fabriquait lorsque nous étions petits. Je regrette de n'avoir jamais su lui dire qu'il comptait, parce que j'étais trop petite. Et si je le pouvais, aujourd'hui, je le ferai.
Je pourrais lui écrire une lettre, qu'il lirait par-dessus mon épaule, ou pas. Je ne sais pas.
En tout cas, j'aurais envoyé le message.
Je comprends donc sans difficultés le besoin de certains de ne pas couper les ponts. De ne pas passer complètement à autre chose.
Pourtant, j'avoue que, chaque fois que je vois sur un réseau social un message à l'intention d'une personne qui n'est plus là, ça me gêne.
Déjà parce que, peu importe les publicités, aucun opérateur internet ne couvre l'au-delà.
Imaginer que le message arrivera parce qu'on l'a mis sur le réseau social le plus visité est aussi fou que crier devant sa télé pour encourager son équipe préférée.
Mais au-delà de cela, s'il suffisait de le dire ou de l'écrire pour que les êtres qui nous manquent nous entendent, pourquoi le faire en dénigrant toute forme d'intimité ?
Qu'est-ce que nous apporte ces « tu me manques » à destination de la seule personne qui ne possède plus d'écran pour le lire ?
Je suis touchée de lire des messages à propos du ressenti des gens, de leurs émotions, de leurs sentiments. Lorsque j'ai l'impression que ce message m'est destiné entre autres.
Mais lorsque je tombe sur ces déclarations privées, j'ai l'impression qu'on me force à prendre le rôle du voyeur devant son écran. Et ça me gêne. 
Il ne s'agit pas seulement de compter les anniversaires de nos défunts, le procédé est le même pour les enfants.
On peut être fier du premier pipi dans le pot de notre bébé. De sa première dent qui lui donne cet air si marrant. Et on peut avoir envie de le crier au monde entier. Et ce, même si le monde entier n'y porte pas grand intérêt.
Mais s'adresser à son enfant, en passant par Facebook, pour lui dire qu'on l'aime. À quoi ça nous mène ?
N'est-il pas plus efficace d'éteindre son ordi et de le lui dire en face ? De le couvrir de câlins au lieu de le mitrailler de photos à poster ? 
Et si on veut graver l'instant, avec toute l'émotion qu'on a ressentie en voyant ce premier pipi, n'est-il pas plus efficace de lui écrire un journal, qu'il pourra découvrir plus tard plutôt qu'un post qui se perdra au milieu des vidéos de chats et autres demandes d'aide pour des jeux ?
Oui, il y a des êtres qu'on aime au point de vouloir le dire au monde entier, mais les plus belles déclarations sont celles qu'on murmure, sans public devant qui s'illustrer.






vendredi 23 janvier 2015

home sweet home

Après plusieurs jours de mutisme endeuillé, me voilà de retour sur Palum.
Il m'a fallu un moment avant de retrouver l'envie d'écrire et les mots. Malgré tout le tapage qu'exerçaient mes personnages dans ma tête, je n'avais ni le courage ni l'inspiration de me remettre à l'écriture.
Mais, la magie opère à nouveau comme un baume qui s'étend lentement jusqu'à avoir soulagé la peine et calmé les craintes.
Je retrouve les paysages de Palum qui me font tant de bien, la cérémonie du troisième printemps si festive et colorée, les joutes verbales et la tendresse de mes personnages. Je me sens de retour chez moi, après la tempête.
J'ai le bonheur de mettre davantage en avant certains personnages comme Kinsley que je connaissais si bien, mais qui n'avait pas eu le temps ni la place de se dévoiler lors du premier tome. J'ai vu Flynn grandir et changer, sa langue toujours aussi pendue n'est toutefois plus aussi naïve qu'avant. Sur elle aussi, la violence des actes a laissé des traces.
Et puis il y a ces petits nouveaux, Bruynn la petite villageoise recueillie à tout juste deux semaines après avoir été abandonnée. Farial et Gënan, dont le lien est si fort qu'il me rappelle celui d'une mère à son enfant. Lory, dont la fine lame n'a d'égale que son incapacité à réfléchir.
Je ne vais pas m'ennuyer avec eux, et j'espère qu'ils vous plairont autant qu'à moi. Le don d'Union n'a pas dit son dernier mot. Plusieurs tomes se dessinent sur les pages griffonnées de mon cahier de brouillon. Un nouveau classeur devrait voir le jour et je vais bientôt manquer de bristol.
Et sur la première page, un titre qui en dit long: l'Académie de l'Union.

Pont de Prak reliant le Mont Araudan aux cités trogs.

samedi 10 janvier 2015

rassemblement, la peur au ventre

Sur les réseaux sociaux, on ne parle que des attentats. Demain les rassemblements vont se multiplier dans le pays. Nombreux sont ceux qui souhaitent y participer. Mais dans mon entourage, les gens qui le déconseillent sont plus nombreux encore.
Les gens ont peur.
Comment leur reprocher ? Avoir sur une même place des milliers de personnes qui viennent montrer leur soutien aux familles et faire front contre le fanatisme et l'obscurantisme de manière pacifiste a de quoi donner envie aux plus fous de frapper un bon coup.
Alors partout on le dit, les rassemblements seront pris pour cible.
Grâce à toutes ces personnes inquiètes, je suis donc parfaitement consciente du risque. Pourtant, je ne me vois pas être ailleurs. 
Je suis mère et la sécurité de mes enfants compte plus que la mienne. Je ne veux pas mourir, même pas si ça faisait de moi un héros. Mais je veux que mes filles aient le courage de se lever pour défendre leurs idéaux et pour ça, je dois le faire moi-même.
Je veux aussi qu'elles aient un avenir meilleur. Que toutes ces images de guerres, de ruines, de bitume ensanglanté et de peuple endeuillé ne soient pas notre quotidien de demain. 
Je ne veux pas qu'elles grandissent dans la peur ou dans la censure.
Et pour ça, je dois agir. 
Je veux faire partie de ces gens qui s'uniront pour faire front. Je veux faire partie de ceux qui montreront au monde que la France ne se mettra pas à genoux. 
Si nous nous cachons, alors les moins courageux parmi ces détraqués trouveront dans notre peur le courage d'agir à leur tour. 
Je veux vivre, plus que tout. Mais je veux vivre debout.



jeudi 8 janvier 2015

Charlie nous a unis

Depuis hier, je viens sur ce blog, j'écris, j'efface et finalement je pars.
Rien de ce que j'avais à dire n'était assez intelligent ou pudique pour être partagé. Rien, jusqu'à ce soir.
Hier, j'ai pleuré. Plusieurs fois pendant la journée, parce que j'avais été blessée comme des millions de gens. Parce que j'ai eu peur surtout.
Je me suis dit que cette tuerie allait mettre le feu aux poudres. Que l'amalgame servirait de mèche.
Je me suis dit que les musulmans allaient être pris pour cible et qu'ils se défendraient. 
Je me suis dit que d'autres fous en profiteraient pour tuer au nom d'idéaux qui sonneraient faux.
Je me suis dit que l'homme était un loup, une fois encore.
Et puis j'ai vu les images des rassemblements, les témoignages des gens, les dessins poignants. J'ai vu l'Homme s'unir sans rage, avec son seul amour comme réponse. Et la solidarité. 
J'ai vu des gens comme un seul être pleurer sans pudeur comme on peut le faire lorsqu'on se sent entourés de gens bienveillants. 
J'ai vu des journalistes portant le deuil qui refusaient de s’arrêter le temps de pleurer. Qui refusaient de se taire. 
Et j'ai pleuré. Une fois encore. 
Au milieu des loups, il y a des Hommes. 


lundi 5 janvier 2015

Une flopée de conseils pour les auteurs

Le net regorge de conseils en tout genre, et dans tous les domaines. Les auteurs ont donc eux aussi leurs tutos, astuces, et autres règles à suivre... ou non.
Personnellement, je ne les lis pas.



Pourquoi me direz-vous ?
Je me pose souvent la question, voyez-vous ! Je ne suis pas contre m'améliorer sans cesse et certaines "bibles" me font de l’œil régulièrement. Chaque fois, j'hésite. Je clique, je clique pas ? 
Je ne suis jamais sûre de moi, mais je ne clique pas. 
Il y a surement de bons conseils qui me seraient utiles et que je rate, mais, lorsqu'on trouve "la bonne manière" de faire, on se ferme à toutes les autres.
La première fois qu'on m'a parlé de conseils d'écriture, c'était pour l'ouvrage d'Orson Scott Card. Le vendeur (parce que oui, au final, il s'agissait pour lui de vendre) me démontrait à grand renfort de tableaux et de chiffres à quel point je connaissais mal mon propre livre et à quel point j'étais ignorante dans l'Art de l'écriture. 
De mon côté (et ce, en dehors du fait que la vue d'un Excel me donne envie de fuir), je cherchais juste le moyen le plus poli de le faire taire. Non pas que je pense tout savoir, mais il me semble que ce qui différencie l'artiste de l'artisan, c'est que son oeuvre est davantage basée sur sa sensibilité que sur des règles préétablies. 
Je pense souvent aux propos de Neil Gaiman lors du discours pour l'université des arts de Philadelphie: "Vous n'avez aucune idée de ce que vous faites. C'est génial. Si vous ne savez pas que c'est impossible, c'est plus facile à faire."
Neil Gaiman.

Je fais des erreurs, certaines me coûtent, d'autres se révèlent finalement être de bonnes surprises. C'est ça aussi qui fait que l'écriture est une aventure. Il y a des auteurs au style monotone avec des idées de génie et d'autres à la plume poétique, mais qui n'ont pas grand-chose à dire. 
J'espère me trouver à mi-chemin entre les deux, et pour m'améliorer je compte sur les remarques qui me sont faites par mes lecteurs ou mes bétas lecteurs, car eux seuls m'apportent des conseils personnalisés qui ne sont valables que pour moi, à un moment, sur un texte. 
Il y a des tas de bons conseils que je serai ravie de recevoir autour d'un verre lors d'un vrai échange. Pour le reste, je laisse mon imperfection donner vie à mes idées farfelues. Parfois, la magie opère.