Cette
année, pour la première fois depuis la naissance de mon premier
enfant, je suis partie en vacances toute seule.
Oui,
toute seule.
Sans
mari, ni enfants.
La
culpabilité une fois digérée, j'ai pu profiter de mes amis sans me
demander si les pleurs que j'entendais étaient à mon intention,
sans regarder ma montre pour ne pas oublier l'heure des repas, sans
gérer les disputes et les bêtises. Et ça fait du bien.
Mais
dans l'avion sur le retour la boule se forme à nouveau. Dix jours.
Je les ai abandonnées pendant dix jours. Je suis un monstre
d'égoïsme. Heureusement, j'ai des cadeaux dans la valise !
Retrouvailles
avec le sourire, gros calins et bisous par centaines, me voilà
rassurée, mes filles m'aiment encore !
Et
puis sur le chemin jusqu'à la maison on se raconte nos vacances, ça
jacasse dans la voiture, ça rigole, jusqu'au moment ou Gribouille me
lance sur un ton neutre : "maman quand t'étais pas là, je
t'ai oubliée. Je croyais que j'avais qu'un papa."
Gribouille
1, Maman... KO par mort subite.
Je
ramasse mes dents tant bien que mal et je ne lâche pas mon sourire
maternel malgré le nœud qui vient de se serrer entre ma glotte et
mes cordes vocales.
Mais
finalement, j'y repense durant les jours suivants et la blessure se
referme. En fait, tout ça, c'est grâce à moi.
Si ma
fille n'a pas pleuré tous les soirs en me réclamant, si elle ne
s'est pas sentie abandonnée, si elle a réussi à jouer, à rire, à
profiter c'est parce qu'elle se sentait en sécurité.
Elle
a suffisamment confiance en elle pour tenir debout sans moi et
suffisamment confiance en moi pour ne pas douter de mon retour.
Bon,
elle était aussi bien entourée, mais le perfectionnisme paternel
n'est pas le sujet de cet article...
Ces
dix jours ont donc été bénéfiques à tout le monde. Aux bons
souvenirs de chacun se rajoute les quelques jours de glue
émotionnelle où il est impossible de croiser l'un se ses enfants
sans recevoir un bisou, un câlin ni entendre un "je t'aime".
Chose que l'on ne vit vraiment que si l'on se sépare un moment.
Alors
les filles, on se déculpabilise ! Non on ne prive pas nos
enfants de notre amour inconditionnel lorsqu'on prend du temps pour
soit. C'est justement grâce à cet amour qui persiste malgré
l'absence que nos enfants pourront un jour quitter le nid et à plus
courte échéance que nous pourrons, nous, boire des mojitos sur la
plage avec des amis l'esprit tranquille.