samedi 13 novembre 2021

Vivant

 Fermer à clefs pour se cacher. S'enrouler d'un plaid pour se réchauffer. Ouvrir les vannes et libérer.

Mettre plus fort la musique dans ses écouteurs pour ne pas entendre la peine déchirer le silence. Recouvrir ses cris de notes de musique pour ne pas laisser la pudeur brider la douleur.

La laisser vrombir, grossir, nous envahir puis jaillir.

Hurler, pleurer, chialer comme un enfant, c'est ça aussi, être vivant. 

samedi 18 septembre 2021

Bouc-émissaire

 Je travaille dans une petite entreprise du BTP. La semaine passée l'un de mes patrons s'énerve après moi pour avoir pris un rdv au mauvais moment. Je réponds que dans mes souvenirs j'ai juste fait ce qu'il me demandait. Il me réponds de ne pas être stupide, que ce n'est pas possible. J'appelle, je modifie le rdv et puis je retombe sur la note de mon patron qui me demandait de téléphoner à la cliente pour qu'il passe précisément à ce moment là.

Mon second patron, lui, dans la même semaine, perds patience en voyant une erreur dans un devis. Il m'invite à "réfléchir deux secondes devant l'évidence de l'erreur de prix" je tente d'expliquer qu'il m'a dicté le dit-devis et que, de fait, je n'ai pas eu à réfléchir à autre chose que ma syntaxe, mais il m'envoie me "démerder". J'appelle donc pour m'excuser et on me répond que c'est pourtant ce que mon boss leur avait dit à l'oral.

Je respire. C'est le boulot. Tout réside dans l'art de prendre du recul. Et avec du recul, je l'aime cette boîte.

Et puis je reçois un message de mon ex, qui m'explique qu'il est tant que je me passe de sa pension alimentaire. Qu'il a été assez gentil pendant assez longtemps.

Je murmure le caractère officiel du "cadeau" en question, mais rien à faire. Bon prince il coupera tout dans un mois, histoire de m'assister une dernière fois.

Je serre les dents. Après tout c'est peut-être le prix à payer pour mettre fin à la colère...

Deux amis reprennent contact avec moi la semaine suivante. Le premier pour s'excuser d'avoir disparu sans donner de nouvelles le jour où on devait boire un coup ensemble. Après quelques échanges il m'avoue qu'il a manqué de courage parce que ses intentions n'étaient pas avouables. Trois ans qu'on se s'était pas vu. Alors venir boire une bière et tirer un coup ça lui semblait normal.

Le second m'envoie un gentil message pour prendre des news et m'envoie chier juste derrière parce que ma réponse n'était pas assez... Longue? Enjouée ? Je ne sais pas trop. Désolée, mais ça commence à peser sur mes épaules, et "salut, tant mieux si toi ça va, moi j'en ai ras le cul de la vie en ce moment" ça me semblait pas très adapté.

Je vous passe les détails du Tinder qui au bout de trois semaines de discussion, lorsque je lui dit que je doute qu'on réussisse à se voir un jour à cause de la distance, me répond qu'il ne "s'est pas encore penché sur la question".

Les gars, vous m'épuisez. Apprenez à dire les choses au lieu de les détourner pour vous déculpabiliser.

-J'ai fait une boulette, tu peux tenter de la rattraper?

-Finalement, je vais pas passer, dsl.

-En fait, tu me manques.

-J'ai pas encore le courage pour te rencontrer.

C'est pas grave d'avoir des failles, des peurs, des doutes. Mais par pitié exprimez-les au lieu de me les refiler! 


jeudi 26 août 2021

L'étincelle

 Parfois y a une étincelle. Et tu crois que le feu prends. Pendant un moment tu y vois clair, sa chaleur t'envelope et tu te sens mieux.

Et puis il meurt en laissant l'odeur de souffre et le froid te saisi. Tu restes immobile dans le noir, perdue parce que la lumière qui vient de s'éteindre empêche tes yeux de voir au travers de ta solitude.

C'est ça l'amour, ça brise ton accoutumance à la solitude et ça s'éteint pour te replonger dedans. 

lundi 5 juillet 2021

À celui dont j'ai abîmé la confiance.

Au début de l'histoire, tu me l'as donnée. Tu m'as dit ''elle est fragile, prends en soin''. Moi j'ai gardé la mienne bien cachée. Si petite, si fragile, protégée dans ma carapace. Je regardais celle que tu venais de m'offrir avec méfiance. Pourquoi si facilement ? Pourquoi si rapidement ?

Tu étais le petit prince et j'étais le renard. Je t'ai laissé approcher d'abord sans te croire. Je reculais quand tu avançais, mais lorsque tu t'arretais, je te regardais. Tu avais peur tout comme moi, mais ton sourire le cachait bien et je ne le voyais pas.

Je ne l'ai compris que lorsque le renard en moi t'a mordu pour la première fois.

Ta confiance est tombée, elle s'est brisée. Tu en as récupéré les morceaux et tu t'es éloigné blessé.

C'est alors que la mienne est sortie de moi. Je l'ai vu voler jusqu'à toi et tout à coup j'ai eu peur de me retrouver sans toi.

Je t'ai suivi, j'ai tenté d'approcher à petit pas. Lorsque tu me repoussais je m'enfuyais, mais je revenais car tu avais éveillé quelque chose en moi et j'avais besoin de comprendre quoi. 

Il nous a fallu du temps. Retenus pas nos deux peurs et nos confiances abîmées, partagés entre l'envie de se rapprocher et le besoin de se protéger. 

On s'est apprivoisés de loin, chacun derrière sa carapace. Pas vraiment ensemble, mais plus seuls non plus. Ta présence me faisait du bien.

Et puis l'instinct a pris le dessus. La peur de perdre ce que j'avais enfin trouvé. Je repensais à ce cadeau que tu m'avais donné et que j'avais brisée. Si tu m'en a rendu quelques morceaux je ne les voyais pas. 

Je t'ai pressé à me rassurer. J'avais besoin que tu calmes l'angoisse en moi. Et comme tu ne comprenais pas je t'ai mordu une seconde fois.

À présent tu n'es plus là.

Et je n'ai pas couru derrière toi.

J'en ai eu envie. Tu le méritais.

Mais je ne sais pas comment calmer la peur en moi et toi, tu gardes à présent ta confiance cachée contre toi. 

Ils ont fait de moi un renard. Elles ont érigé la barricade autour de toi. Ne la durci pas à cause de moi. 


dimanche 14 mars 2021

La relation pansement

 Je te promets de t'aimer 

passionnément 

temporairement. 

J'ai besoin de ton amour pour me libérer du passé. 

De ta tendresse pour soigner mon cœur trompé. 

J'ai besoin de ton regard pour reprendre confiance en moi. 

Que tu prennes toute la place pour combler le vide autour de moi. 

Aime moi sans faille, mais sans lendemain.

Sois tout pour moi, durant un temps. 

Comme un barrage, calme le flot, mais laisse moi ensuite m'écouler loin de toi. 

Aide moi. Car seul, je n'y arrive pas.

Je ne t'aimerai pas toute ma vie. 

Je ne serai pas à tes côtés pour toujours. 

Je partirai une fois guéri, 

mais d'ici là, tu auras tout mon amour. 

Je te dirai combien tu es belle pour que tu ne doutes plus de toi. 

J'inventerai mille mots d'amour et te laisserai dormir dans mes bras. 

Je te ferai rire aux éclats, crier d'envie, pleurer de joie. 

Tu seras chez moi comme chez toi. 

Nous nous protégerons, nous nous grandirons. 

Nous écrirons une histoire plus belle que la vie réelle.

Et lorsque je me sentirai prêt, je partirai. 

mais sois sûre que jamais je ne t'oublierai. 

Je serai plus fort grâce à toi et tu seras plus forte pour surmonter ça. 

Ne pleure pas le temps que nous n'avons pas eu.

Ne regrette pas un seul instant vécu. 

Pardonne moi de n'avoir été que de passage 

de n'avoir pas pu donner davantage.

Et n'oublie pas que durant ces quelques mois, 

tu auras été tout pour moi.