lundi 5 juillet 2021

À celui dont j'ai abîmé la confiance.

Au début de l'histoire, tu me l'as donnée. Tu m'as dit ''elle est fragile, prends en soin''. Moi j'ai gardé la mienne bien cachée. Si petite, si fragile, protégée dans ma carapace. Je regardais celle que tu venais de m'offrir avec méfiance. Pourquoi si facilement ? Pourquoi si rapidement ?

Tu étais le petit prince et j'étais le renard. Je t'ai laissé approcher d'abord sans te croire. Je reculais quand tu avançais, mais lorsque tu t'arretais, je te regardais. Tu avais peur tout comme moi, mais ton sourire le cachait bien et je ne le voyais pas.

Je ne l'ai compris que lorsque le renard en moi t'a mordu pour la première fois.

Ta confiance est tombée, elle s'est brisée. Tu en as récupéré les morceaux et tu t'es éloigné blessé.

C'est alors que la mienne est sortie de moi. Je l'ai vu voler jusqu'à toi et tout à coup j'ai eu peur de me retrouver sans toi.

Je t'ai suivi, j'ai tenté d'approcher à petit pas. Lorsque tu me repoussais je m'enfuyais, mais je revenais car tu avais éveillé quelque chose en moi et j'avais besoin de comprendre quoi. 

Il nous a fallu du temps. Retenus pas nos deux peurs et nos confiances abîmées, partagés entre l'envie de se rapprocher et le besoin de se protéger. 

On s'est apprivoisés de loin, chacun derrière sa carapace. Pas vraiment ensemble, mais plus seuls non plus. Ta présence me faisait du bien.

Et puis l'instinct a pris le dessus. La peur de perdre ce que j'avais enfin trouvé. Je repensais à ce cadeau que tu m'avais donné et que j'avais brisée. Si tu m'en a rendu quelques morceaux je ne les voyais pas. 

Je t'ai pressé à me rassurer. J'avais besoin que tu calmes l'angoisse en moi. Et comme tu ne comprenais pas je t'ai mordu une seconde fois.

À présent tu n'es plus là.

Et je n'ai pas couru derrière toi.

J'en ai eu envie. Tu le méritais.

Mais je ne sais pas comment calmer la peur en moi et toi, tu gardes à présent ta confiance cachée contre toi. 

Ils ont fait de moi un renard. Elles ont érigé la barricade autour de toi. Ne la durci pas à cause de moi. 


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