lundi 1 décembre 2014

Maîtresse d'Art. Extrait.

C'est le dernier jour de l'opération les auteurs de SFFFH ont du talent! Alors pour clôturer dignement cette opération, je vous livre un extrait de mon roman en cours.



  "La lune était pleine et éclairait la pièce d'une lueur pâle. Fera passa à côté du bureau et se dirigea dans le fond de la pièce. Elle s'accroupit pour se mettre à la hauteur de petits coffres en osiers. Son coeur s'emballa et ses lèvres s'étirèrent.Elle en souleva un pour le mettre devant la lumière et lut : Guéelle Massieu. Elle le reposa et passa au suivant : Fera Thudal. Elle soupira de contentement et s'assit sur le sol. Le coffre sur les genoux, elle caressait l'osier du bout des doigts. Tout ce qu'elle possédait se trouvait dans ce coffre. Elle l'ouvrit avec un soin démesuré ; il lui semblait qu'à tout moment, le coffre pouvait partir en cendre, emportant tous ses souvenirs dans le néant.
Un tissu sombre était plié sur le dessus. Fera le tira et reconnut de suite les nombreuses coutures de la robe qu'elle avait achetée à Anlguera. Elle la souleva et quelque chose retomba dans le coffre. Elle posa alors le vêtement à ses côtés et prit l'objet en question. À cette heure tardive, Fera aurait pu croire qu'il était noir, mais le contact du velours repoussa ses doutes. La bourse rouge de Dany. La jeune femme la serra dans sa main comme un trésor. Le souvenir de son amie était cher à ses yeux. Elle la déposa sur la robe et continua ses recherches. Après avoir retiré ses autres vêtements, elle trouva enfin ce qu'elle était venue chercher. Elle déplia la cape avec douceur et y enfouit son visage. L'odeur du bois s'y trouvait encore. Un instant, sa gorge se serra, l'image de la menuiserie était aussi douce que douloureuse et Fera ressentit plus que jamais la morsure du manque. Malgré cela, elle ne parvenait pas à desserrer son emprise sur le tissu épais. Ainsi, elle pouvait imaginer que lorsqu'elle ouvrirait les yeux, elle trouverait Fedrik penché au-dessus de son établi soufflant sur les copeaux de bois et relevant les yeux sur elle. Elle s'attarda sur cette image. Les détails étaient flous : résultat de plusieurs mois à tenter de ne plus y penser, mais le galbe de sa mâchoire, la fossette sur sa joue, l'éclat de ses yeux noisette et même les trois plis sur son front lui apparaissaient comme si le menuisier se trouvait là, juste devant elle. Elle crut un instant pouvoir tendre la main pour le toucher, mais l'image se dissipa et, lorsqu'elle rouvrit les yeux, elle ne vit que les ombres du bureau de l'intendance."
Maîtresse d'Art. Roman en cours.

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