"Lorsqu'elle reprit connaissance, le froid avait fait place à une douce chaleur réconfortante. La lueur orangée d'un feu éclairait le visage de son amie encore inconsciente. Elle se redressa avec difficulté, tenant entre ses mains sa tête douloureuse. Elle se trouvait dans une grotte aux dimensions impressionnantes. La lumière des flammes se reflétait sur les stalactites plusieurs mètres au-dessus d'elle. Lorsque les événements lui revinrent en mémoire, elle parcourut son corps à la recherche de blessures. Malgré les multiples ecchymoses et coupures qui la tiraillaient de tout côté, elle était encore en vie.
– Y a quelqu'un ?
Elle ne reçut pour réponse que son écho et le bruit de gouttes d'eau tombant dans le fond de la grotte.
– Flynn ! Flynn ! Réveille-toi !
Flynn s'éveilla en gémissant.
– J'ai mal partout, se plaignit-elle. On est où ?
– Dans une grotte.
– Nous sommes tombées.
La mémoire de Flynn s'éclaircit.
– Je me souviens. Je te tenais et mon pied a glissé. Comment as-tu fait pour nous sauver ?
– Ce n'est pas moi. Mais qui que ce soit, il n'est plus là.
Flynn regarda autour d'elle, le visage contracté.
– Aide-moi à me lever, finit-elle par demander.
Lisy la prit par la main pour la tirer, mais dès qu'elle souleva son bras, Flynn se mit à crier.
– Tu es blessée ? Où as-tu mal ? s'inquiéta Lisy.
– Mon épaule ! pleura Flynn. C'est mon épaule !
– Oh non ! Elle doit être démise.
– Comment va-t-on faire ? C'est trop douloureux, je ne pourrais pas continuer avec ça ! Flynn pleurait autant de douleur que de peur.
L'adolescente réfléchit.
– J'ai vu un reportage une fois, sur les médecins urgentistes, on peut remettre une épaule en place en tirant dessus.
– Alors, fais-le, je t'en prie !
– Mais... hésita Lisy. Ils étaient deux et c'était des hommes, des adultes ! Je ne vais pas être assez forte !
– J'ai mal Lisy, fais quelque chose !
L'adolescente était paniquée, elle voulait refuser. Elle regarda de nouveau autour d'elle dans l'espoir de voir apparaître une silhouette, mais elles étaient seules. Alors elle mit un pied sous l'aisselle de son amie, attrapa son poignet et tira aussi fort qu'elle le pouvait. Aussitôt, Flynn lui hurla d’arrêter. Lisy la relâcha et leva les mains en signe de pardon. Paniquée, elle se mit à crier.
– À l'aide ! Je vous en prie, venez nous aider ! S'il vous plaît !
Elle n’eut que le silence en retour. Son impuissance n'avait d'égal que sa culpabilité.
– Je suis désolée, Flynn. Je n'aurais pas dû te faire quitter la piste. Nous aurions dû faire marche arrière...
– Lisy... répondit la fillette d'une voix lasse. Je ne suis jamais sortie de la Plaine, mais je sais que cette tempête n'est pas normale. Nous ne sommes qu'au début de la saison froide et pourtant on dirait qu'elle dure depuis des cycles. Même sur la piste nous aurions été coincées.
Ces paroles réconfortaient Lisy sans vraiment la déculpabiliser. Elle cherchait un moyen de se racheter. Trouver de l'aide, voilà ce qu'elle devait faire ! L'image de Celle-qui- veille apparut dans son esprit.
– Personne n'est seul quand il sait écouter...
– Quoi ? De quoi parles-tu ? Lisy se leva et parcourut la grotte, regardant le moindre détail.
– Que cherches-tu ? insista Flynn.
– De la vie. Au fond de la grotte, l'écho cristallin des gouttes d'eau attira son attention. Là où elles tombaient du plafond, une petite flaque s'était formée.
– Volgan parlait aux éléments, c'est ça ?
– Oui, où tu veux en venir ? L'idée était complètement grotesque et l'adolescente allait sans doute se tourner au ridicule, mais si cela fonctionnait, Flynn trouverait l'aide dont elle avait besoin. Lisy plongea sa main dans l'eau et ferma ses yeux. Elle murmura.
– Qu'on nous vienne en aide, s'il vous plaît ! Dans son dos, elle entendit un gloussement qui se changea en gémissement.
– Je t'en prie Lisy, ne me fais pas rire, ça fait mal !
L'adolescente se renfrogna, mais ne retira pas sa main.
– Tais-toi pour une fois, ça changera.
Elle referma les yeux et fit le vide dans son esprit. Elle se concentrait sur son appel comme si elle souhaitait le faire glisser le long de son bras jusqu'à l'eau. Sa respiration se fit plus lente. Elle entendit derrière elle Flynn prononcer son nom, mais refusa de se laisser distraire. Elle espérait ressentir un mouvement, un picotement ou n'importe quoi d'autre, qui prouverait l'efficacité de sa tentative, mais il ne se passa rien. Flynn continuait d'appeler son amie et une note d'inquiétude dans sa voix attira l'attention de Lisy. À l'entrée de la grotte, une silhouette se dessinait. Lisy n'en croyait pas ses yeux, la nature l'avait entendu et on leur apportait de l'aide ! À mesure que l'homme avançait, l'enthousiasme de Lisy se transformait en crainte. Jamais elle n'avait vu d'être aussi grand. Lorsqu'il fut assez près du feu pour sortir de l'ombre, l'adolescente eut un mouvement de recul. À ses côtés, son amie cria :
– Un yéti !
Lisy se jeta devant Flynn pour la protéger, attrapant au vol une branche encore enflammée pour faire fuir la bête.
– Va-t-en ! aboya-t-elle.
Elle agita frénétiquement la torche de fortune devant elle, mais le monstre n'y accorda aucune attention. Il traversa la grotte en quelques enjambées et dans un grand mouvement circulaire, vint plaquer Lisy contre la paroi, faisant voler son maigre brasier. La bête dépassait l'adolescente de deux bons mètres, ses poils blancs et longs recouvraient l'ensemble de son corps en dehors de ses paumes grisâtres. Lisy tapa des pieds en criant pour se libérer, mais la paume du yéti couvrait l'ensemble de son buste et il la maintenait sans aucune difficulté. Sans relâcher sa prise, il prit entre deux doigts, la main de Flynn. La souffrance lui arracha un cri. Lisy, désespérée, mordit violemment l'un des doigts du géant. Celui-ci se retourna et rugit si fort, qu'elle sentit le vent dans ses cheveux. La peur la tétanisa. Le yéti en profita pour retirer sa main qu'il posa sur le ventre de la fillette et tira sans forcer sur son bras blessé. L'épaule, dans un grand clac, se remit à sa place. Flynn en eut le souffle coupé. Une larme ruissela sur sa joue, puis son visage se décontracta. Elle soupira de soulagement.
– Merci, finit-elle par articuler.
Le yéti se releva et ramassa le bâton de Lisy qu'il remit dans le feu. C'est alors qu'elle comprit.
– C'est toi qui nous as amenées ici. C'est toi qui nous as sauvées.
Le yéti acquiesça d'un grognement. Il retourna près de l'entrée, où il avait déposé un lapin mort qu'il tendit aux deux filles.
– Heu, oui, merci, ironisa Lisy écœurée, je n'ai pas très faim là.
De nouveau, le yéti rugit sur elle.
– Tout bien réfléchi, se reprit-elle. Je crois entendre mon ventre qui gargouille ! Flynn, tu saurais faire cuire ça toi ?"
– Y a quelqu'un ?
Elle ne reçut pour réponse que son écho et le bruit de gouttes d'eau tombant dans le fond de la grotte.
– Flynn ! Flynn ! Réveille-toi !
Flynn s'éveilla en gémissant.
– J'ai mal partout, se plaignit-elle. On est où ?
– Dans une grotte.
– Nous sommes tombées.
La mémoire de Flynn s'éclaircit.
– Je me souviens. Je te tenais et mon pied a glissé. Comment as-tu fait pour nous sauver ?
– Ce n'est pas moi. Mais qui que ce soit, il n'est plus là.
Flynn regarda autour d'elle, le visage contracté.
– Aide-moi à me lever, finit-elle par demander.
Lisy la prit par la main pour la tirer, mais dès qu'elle souleva son bras, Flynn se mit à crier.
– Tu es blessée ? Où as-tu mal ? s'inquiéta Lisy.
– Mon épaule ! pleura Flynn. C'est mon épaule !
– Oh non ! Elle doit être démise.
– Comment va-t-on faire ? C'est trop douloureux, je ne pourrais pas continuer avec ça ! Flynn pleurait autant de douleur que de peur.
L'adolescente réfléchit.
– J'ai vu un reportage une fois, sur les médecins urgentistes, on peut remettre une épaule en place en tirant dessus.
– Alors, fais-le, je t'en prie !
– Mais... hésita Lisy. Ils étaient deux et c'était des hommes, des adultes ! Je ne vais pas être assez forte !
– J'ai mal Lisy, fais quelque chose !
L'adolescente était paniquée, elle voulait refuser. Elle regarda de nouveau autour d'elle dans l'espoir de voir apparaître une silhouette, mais elles étaient seules. Alors elle mit un pied sous l'aisselle de son amie, attrapa son poignet et tira aussi fort qu'elle le pouvait. Aussitôt, Flynn lui hurla d’arrêter. Lisy la relâcha et leva les mains en signe de pardon. Paniquée, elle se mit à crier.
– À l'aide ! Je vous en prie, venez nous aider ! S'il vous plaît !
Elle n’eut que le silence en retour. Son impuissance n'avait d'égal que sa culpabilité.
– Je suis désolée, Flynn. Je n'aurais pas dû te faire quitter la piste. Nous aurions dû faire marche arrière...
– Lisy... répondit la fillette d'une voix lasse. Je ne suis jamais sortie de la Plaine, mais je sais que cette tempête n'est pas normale. Nous ne sommes qu'au début de la saison froide et pourtant on dirait qu'elle dure depuis des cycles. Même sur la piste nous aurions été coincées.
Ces paroles réconfortaient Lisy sans vraiment la déculpabiliser. Elle cherchait un moyen de se racheter. Trouver de l'aide, voilà ce qu'elle devait faire ! L'image de Celle-qui- veille apparut dans son esprit.
– Personne n'est seul quand il sait écouter...
– Quoi ? De quoi parles-tu ? Lisy se leva et parcourut la grotte, regardant le moindre détail.
– Que cherches-tu ? insista Flynn.
– De la vie. Au fond de la grotte, l'écho cristallin des gouttes d'eau attira son attention. Là où elles tombaient du plafond, une petite flaque s'était formée.
– Volgan parlait aux éléments, c'est ça ?
– Oui, où tu veux en venir ? L'idée était complètement grotesque et l'adolescente allait sans doute se tourner au ridicule, mais si cela fonctionnait, Flynn trouverait l'aide dont elle avait besoin. Lisy plongea sa main dans l'eau et ferma ses yeux. Elle murmura.
– Qu'on nous vienne en aide, s'il vous plaît ! Dans son dos, elle entendit un gloussement qui se changea en gémissement.
– Je t'en prie Lisy, ne me fais pas rire, ça fait mal !
L'adolescente se renfrogna, mais ne retira pas sa main.
– Tais-toi pour une fois, ça changera.
Elle referma les yeux et fit le vide dans son esprit. Elle se concentrait sur son appel comme si elle souhaitait le faire glisser le long de son bras jusqu'à l'eau. Sa respiration se fit plus lente. Elle entendit derrière elle Flynn prononcer son nom, mais refusa de se laisser distraire. Elle espérait ressentir un mouvement, un picotement ou n'importe quoi d'autre, qui prouverait l'efficacité de sa tentative, mais il ne se passa rien. Flynn continuait d'appeler son amie et une note d'inquiétude dans sa voix attira l'attention de Lisy. À l'entrée de la grotte, une silhouette se dessinait. Lisy n'en croyait pas ses yeux, la nature l'avait entendu et on leur apportait de l'aide ! À mesure que l'homme avançait, l'enthousiasme de Lisy se transformait en crainte. Jamais elle n'avait vu d'être aussi grand. Lorsqu'il fut assez près du feu pour sortir de l'ombre, l'adolescente eut un mouvement de recul. À ses côtés, son amie cria :
– Un yéti !
Lisy se jeta devant Flynn pour la protéger, attrapant au vol une branche encore enflammée pour faire fuir la bête.
– Va-t-en ! aboya-t-elle.
Elle agita frénétiquement la torche de fortune devant elle, mais le monstre n'y accorda aucune attention. Il traversa la grotte en quelques enjambées et dans un grand mouvement circulaire, vint plaquer Lisy contre la paroi, faisant voler son maigre brasier. La bête dépassait l'adolescente de deux bons mètres, ses poils blancs et longs recouvraient l'ensemble de son corps en dehors de ses paumes grisâtres. Lisy tapa des pieds en criant pour se libérer, mais la paume du yéti couvrait l'ensemble de son buste et il la maintenait sans aucune difficulté. Sans relâcher sa prise, il prit entre deux doigts, la main de Flynn. La souffrance lui arracha un cri. Lisy, désespérée, mordit violemment l'un des doigts du géant. Celui-ci se retourna et rugit si fort, qu'elle sentit le vent dans ses cheveux. La peur la tétanisa. Le yéti en profita pour retirer sa main qu'il posa sur le ventre de la fillette et tira sans forcer sur son bras blessé. L'épaule, dans un grand clac, se remit à sa place. Flynn en eut le souffle coupé. Une larme ruissela sur sa joue, puis son visage se décontracta. Elle soupira de soulagement.
– Merci, finit-elle par articuler.
Le yéti se releva et ramassa le bâton de Lisy qu'il remit dans le feu. C'est alors qu'elle comprit.
– C'est toi qui nous as amenées ici. C'est toi qui nous as sauvées.
Le yéti acquiesça d'un grognement. Il retourna près de l'entrée, où il avait déposé un lapin mort qu'il tendit aux deux filles.
– Heu, oui, merci, ironisa Lisy écœurée, je n'ai pas très faim là.
De nouveau, le yéti rugit sur elle.
– Tout bien réfléchi, se reprit-elle. Je crois entendre mon ventre qui gargouille ! Flynn, tu saurais faire cuire ça toi ?"
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